Toucher au vif : création/psyché/parole.

Puisqu’associer révèle, 
il me semble pouvoir dire que la locution d’Héraclite : «elpis anelpiston» (l’attente de l’inattendu), convenait parfaitement à une disposition intérieure personnelle, menant à la création.

Cette position faisait reliage avec la parole,
le langage, les mots. Un flux à la lettre-près :
ce qui fait chantier en moi depuis l’enfance.
Dans mon cheminement, la parole avait été: pharmakon.
Aussi et ainsi, m’étais-je sentie embarquée dans l’odyssée de la création.
Je partais de mon expérience, suivais un déroulement sans certitudes, oeuvrant avec les occurrences qui se présentaient, écoutant longuement ce qui poussait la main à l’esquisse : amorce d’advenir.

Lacan n’avait -il pas proposé quelques dires autour de l’expérience :
Voire de « ne pas céder sur son désir » ? …

Je retournais toujours aux auteurs et livres compagnons.
D’Edouard Glissant à Hélène Cixous, des dramaturges aux poètes, des artistes aux historiens de l’art; chacun convenait de langages, de paroles et de mots.

Barbara Cassin citant Emile Beveniste ouvrait vers « un langage qui agit autant qu’il exprime ».
Cela rejoignait le désir de délier, de relier, de donner forme à l’indicible, à ce que « parler veut dire » et « peut faire », jusque dans nos corps buvards, c’était Là mon fil conducteur.

Toucher au vif – et sans doute du sujet- me semblait tellement inscrit au centre des processus de création et au cœur de l’expérience psychanalytique.
Y consentir : c’était aussi quitter la position d’objet.
Je décidais donc que j’irai, par étapes, en attendant de pouvoir relier mes découvertes et mon restant d’insu, à la vertigineuse langue de Lacan, avec la perspective d’y croiser entendements, éclairages, partages et textures.  

« Hasard objectif » ? m’étais-je demandé, à propos de cette contingence.
Je relirai ce qu’en disait André Breton[1].

flc.2019.


[1] «  Le hasard serait la forme de manifestation de la nécessité extérieure qui se fraie un chemin dans l’inconscient humain ».  ( L’Amour fou).